Présentation


"Commerce équitable et développement: qu'avons-nous appris pour les politiques futures?"


Les activités dites du commerce équitable ont un double aspect. D’une part, les organisations de commerce équitable (OCE) mettent en place de nouvelles filières commerciales, ayant spécifiquement pour objectif d’améliorer les conditions de vie des petits producteurs des pays pauvres. D’autre part, ces OCE et d’autres mouvements plaident pour une réforme des règles du commerce international en faveur des pays en développement. Au cours des trente dernières années, la gestion des filières de commercialisation équitable a pris le pas sur les activités de plaidoyer. En pratique, les OCE ont progressivement adopté des objectifs et des moyens similaires à ceux des politiques de développement, et cherchent donc à fournir aux populations les plus défavorisées les moyens d’améliorer leurs conditions de vie.

L’importance du commerce équitable pour le développement est reconnue par les pouvoirs publics. En Europe, le Parlement a adopté une résolution en 2006 reconnaissant que le commerce équitable est un « instrument majeur pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement ». En France, le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes a financé un projet d’appui aux OCE sur un « fonds de solidarité prioritaire » de 2003 à 2007. Ce projet a permis d’appuyer différents acteurs du Nord, notamment dans leurs activités de promotion du commerce équitable, et de développer des filières équitables au Sud. Depuis son achèvement en 2007, les activités ont été transférées à l’Agence Française de Développement (AFD), dont les actions restent structurées autour de l’appui aux acteurs du Nord (via la signature d’un accord-cadre de partenariat avec la Plate-Forme pour le Commerce Équitable, PFCE) et du développement de filières au Sud. Malgré ces actions, les acteurs du commerce équitable déplorent le manque d’engagement fort et pérenne des bailleurs de fonds en faveur de leur mouvement.

Cependant, la légitimité, les modalités et l’ampleur du soutien au commerce équitable par l’aide publique au développement sont discutées. D’un côté, la plupart des évaluations démontrent que le commerce équitable contribue au développement et qu’il devrait donc être considéré comme un véritable instrument de l’aide publique au développement. D’un autre côté, certaines analyses coûts-bénéfices jouent en défaveur du commerce équitable, et suggèrent donc qu’il serait plus efficace d’utiliser ses réseaux pour transférer directement aux producteurs l’équivalent du consentement à payer des consommateurs pour un commerce équitable. Des points de vue plus nuancés attribuent les difficultés du commerce équitable au manque de débouchés, qu’un appui à la promotion de la démarche équitable pourrait contribuer à accroître. D’autres, enfin, soulignent que de nombreux labels de qualité ou de consommation responsable sont mieux à même d’améliorer les revenus des producteurs et proposent donc de repenser les modes d’action du commerce équitable pour permettre aux producteurs de se positionner sur ces marchés à forte valeur ajoutée, dans le cadre de l’« Aid for Trade ».

 

Reposant sur les derniers résultats de la recherche et avec la participation de praticiens spécialistes du commerce équitable, cette conférence a pour objectif de dégager les meilleures options pour l’avenir du commerce équitable en tant qu’outil de développement. Organisée par la Ferdi, en partenariat avec la Plate-Forme pour le Commerce Equitable et FairNESS, elle s’inscrit dans le cadre de la Quinzaine du Commerce Équitable (du 12 au 27 mai 2012), et sera l’occasion du lancement officiel du Dictionnaire du Commerce Équitable élaboré par le réseau de chercheurs FairNESS France.


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